Retards de paiement de la Prestation canadienne pour les personnes handicapées : une atteinte à la dignité

La nouvelle est tombée en août : plusieurs Canadiennes et Canadiens en situation de handicap n’ont pas reçu à temps leur versement de la Prestation canadienne pour les personnes handicapées. Cette aide fédérale, censée offrir un soutien de base à des personnes vivant déjà dans une grande précarité, a connu des ratés techniques dès son deuxième mois d’existence.

Pour beaucoup, ce retard n’est pas un simple contretemps administratif. C’est une atteinte directe à leur sécurité financière et à leur dignité humaine.

Quand 200 $ font la différence entre manger et s’endetter

Le programme fédéral, adopté en 2023 et financé à hauteur de 6,1 milliards dans le budget 2024, prévoit un maximum de 200 $ par mois pour les adultes de 18 à 64 ans admissibles au crédit d’impôt pour personnes handicapées.

Or, comme le souligne Rabia Khedr, directrice du mouvement Le handicap sans pauvreté, ce montant est déjà bien en dessous du seuil de pauvreté. Mais il représente un souffle vital pour payer un loyer, acheter de la nourriture ou éviter des frais bancaires injustes.

Chaque dollar compte. Pour certaines personnes, ce retard signifie des frais supplémentaires, des dettes qui s’accumulent, ou encore l’impossibilité de répondre à leurs besoins essentiels.

Une confiance fragilisée

Quand un gouvernement annonce une mesure phare pour lutter contre la pauvreté des personnes handicapées, il crée une attente immense et un espoir collectif. Chaque retard, chaque erreur technique brise un peu plus la confiance envers les institutions publiques.

Ces failles de gestion rappellent cruellement à quel point les droits économiques et sociaux des personnes handicapées demeurent fragiles et négligés.

Une responsabilité politique et morale

Le ROPHCQ réitère une vérité fondamentale : la pauvreté des personnes handicapées n’est pas une fatalité, mais bien le résultat de choix politiques. Offrir une prestation insuffisante et la verser avec retard, c’est maintenir des milliers de personnes dans l’insécurité et l’injustice.

Il faut :

  • que des garanties fermes soient mises en place pour assurer la stabilité et la ponctualité des paiements ;
  • que la prestation soit rapidement bonifiée afin de réellement sortir les personnes handicapées de la pauvreté ;
  • que les personnes concernées soient impliquées dans l’évaluation et l’amélioration du programme.

Ne pas tolérer les demi-mesures

Le Canada s’est doté d’une Loi canadienne sur l’accessibilité et s’est engagé à respecter les droits des personnes handicapées au regard de la Convention relative aux droits des personnes handicapées de l’ONU. Ces engagements ne peuvent se traduire en simples mesures symboliques ou insuffisantes.

Un véritable filet social doit garantir que personne ne soit laissé pour compte. Les personnes handicapées du Centre-du-Québec, comme partout au pays, méritent mieux qu’une prestation au rabais et mal administrée.