Logement : l’accessibilité ne peut plus être optionnelle

Le 23 août dernier, la défenseure fédérale du logement Marie-Josée Houle et la professeure Stephanie Chipeur ont tiré la sonnette d’alarme : le Code national du bâtiment du Canada accuse un retard préoccupant en matière d’accessibilité. Pire encore, il continue d’exempter une large portion des logements à petite échelle. Autrement dit, alors même que le gouvernement fédéral annonce un ambitieux plan pour « construire, construire, construire », rien ne garantit que ces habitations répondront aux besoins des millions de personnes handicapées du pays.

Un retard qui viole nos droits fondamentaux

Nous le répétons depuis des années : un logement inaccessible est un logement qui exclut. Ce n’est pas seulement une question technique ou budgétaire, c’est une violation des droits fondamentaux reconnus dans la Loi canadienne sur l’accessibilité et dans la Loi canadienne sur les droits de la personne.

Au Centre-du-Québec, comme partout au pays, les personnes handicapées et leurs familles subissent déjà de plein fouet la pénurie de logements abordables. Quand, en plus, ces rares logements sont inadaptés, on enferme les personnes dans des trajectoires de dépendance, d’isolement ou même d’institutionnalisation forcée. C’est une injustice sociale qui alourdit aussi nos systèmes de santé et de services sociaux.

Construire vite, oui. Mais construire bien, surtout.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Canada a bâti rapidement des milliers de maisons pour répondre à la crise. Mais ces logements n’étaient pas conçus pour répondre aux besoins des personnes vivant avec un handicap. Allons-nous répéter la même erreur en 2025 ? C’est-à-dire construire rapidement, sans s’assurer que chacun trouve un toit qui lui convient.

Il est possible – et nécessaire – de construire des habitations accessibles et adaptables dès le départ. Les outils existent déjà, notamment grâce au Catalogue de conception de logements du Canada élaboré par Normes d’accessibilité Canada. Ces modèles permettent d’intégrer des caractéristiques simples et peu coûteuses : murs renforcés pour installer ultérieurement une barre d’appui, passages élargis, cuisines et salles de bains adaptables, etc.

L’accessibilité : un impératif moral, social et économique

Plus de huit millions de Canadiennes et Canadiens vivent avec un handicap, et ce nombre ne cessera d’augmenter avec le vieillissement de la population. Ne pas prévoir de logements accessibles aujourd’hui, c’est condamner demain des centaines de milliers de personnes à être exclues de leur propre communauté.

Et rappelons-le : l’accessibilité universelle ne coûte pas plus cher quand elle est pensée dès la conception. Au contraire, elle réduit les coûts de rénovation, facilite le maintien à domicile, et favorise la participation sociale et économique de toutes et tous.

Un appel à l’action collective

Au ROPHCQ, nous nous joignons à l’appel lancé à Ottawa : le nouveau plan fédéral en logement doit intégrer l’accessibilité comme critère incontournable. Il est urgent que le Code national du bâtiment soit mis à jour pour être aligné sur les normes les plus récentes et pour inclure l’ensemble des types de logements.

Nous refusons que les personnes handicapées soient une fois de plus reléguées au second plan dans les grands projets nationaux. Si le gouvernement veut véritablement bâtir « un Canada pour tous et pour toujours », il doit prouver par des actions concrètes que ce « tous » inclut réellement les personnes handicapées.

Parce que sans accessibilité, il n’y a pas de droit au logement. Sans accessibilité, il n’y a pas d’inclusion.

Pour lire la lettre ouverte: Crise du logement et handicap : un Canada accessible pour tous, et pour toujours | Le Devoir