PME et handicap : cesser d’ignorer un potentiel économique majeur
L’article paru récemment dans Les Affaires, intitulé « PME et handicap: l’opportunité qu’on ne voit pas », met en lumière une vérité trop souvent passée sous silence : les personnes handicapées, lorsqu’elles deviennent entrepreneures, sont parmi les plus innovantes et créatives du Québec. Pourtant, elles restent largement sous-financées, sous-représentées et freinées dans leur élan par des barrières systémiques.
Au ROPHCQ, nous ne pouvons rester indifférents devant ce constat. Depuis plus de 40 ans, nous défendons les droits et promouvons les intérêts des personnes handicapées du Centre-du-Québec. L’entrepreneuriat, loin d’être marginal, fait partie intégrante de la contribution sociale et économique de nos membres.
L’innovation issue de l’expérience du handicap
Une donnée citée dans l’article est particulièrement révélatrice : 40,5 % des PME dirigées par des personnes handicapées ont introduit une innovation, comparativement à 31,1 % des PME en général. Ce chiffre, à lui seul, devrait suffire à renverser la perception d’une fragilité supposée.
Car vivre avec un handicap, c’est quotidiennement faire preuve de créativité pour contourner un environnement pensé sans nous. Cette ingéniosité devient un atout entrepreneurial inestimable. Les parcours de Steve Proulx, de Maude Massicotte, de Mathieu Lamarche ou de Cynthia Benoit illustrent bien cette réalité : transformer un obstacle en tremplin, faire de l’exclusion une mission collective, bâtir autrement pour inclure davantage.
Des freins structurels inacceptables
Pourtant, malgré ce potentiel démontré, à peine 0,5 % des PME canadiennes sont majoritairement détenues par des personnes en situation de handicap. Pourquoi ? Parce que les obstacles financiers persistent. Les institutions de crédit et les investisseurs continuent de percevoir ces projets comme risqués, alors que les données prouvent le contraire.
Ces biais sont le reflet d’un système économique qui discrimine encore trop souvent sur la base de la différence. Non seulement cela contrevient au principe d’équité, mais cela prive le Québec d’un moteur de croissance et d’innovation.
Passer de la reconnaissance à l’action
Les personnes handicapées n’ont pas besoin de faveurs : elles demandent les mêmes chances que tout le monde. Il est temps que les décideurs économiques, les institutions financières et les gouvernements :
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reconnaissent le potentiel entrepreneurial des personnes handicapées comme un levier stratégique de développement économique;
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développent des programmes de financement adaptés qui tiennent compte des réalités d’accessibilité et de soutien;
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cessent de voir l’entrepreneuriat en situation de handicap comme une exception, et l’intègrent dans les politiques de développement économique régionales et nationales.
Défendre la dignité économique de nos membres
Nous refusons que les personnes handicapées soient réduites à un « fardeau » économique alors qu’elles sont, au contraire, des actrices et acteurs puissants de changement et de prospérité collective.
Le Québec de demain doit se construire avec toutes ses forces vives. Les entrepreneurs handicapés, par leur résilience et leur créativité, en sont une. Ne pas les soutenir équivaut à gaspiller un potentiel précieux, mais surtout à perpétuer une injustice sociale.
✊ Au ROPHCQ, nous continuerons de réclamer une équité réelle en matière de financement, de reconnaissance et de soutien aux personnes handicapées entrepreneures. Parce que défendre leurs droits, c’est aussi défendre leur droit de rêver, de créer et de prospérer.
