Remorquage des véhicules adaptés : quand la sécurité passe à côté des droits fondamentaux
L’histoire de Frédéric McNamara, publiée dans Le Devoir, illustre avec brutalité l’angle mort de nos systèmes de transport et d’urgence. Cet homme, atteint de dystrophie musculaire de Duchenne et se déplaçant en fauteuil roulant, a dû trois heures au bord de l’autoroute 401, sous une chaleur accablante, parce que les protocoles de remorquage ne prévoient aucune mesure spécifique pour les personnes handicapées.
CAA a appliqué la règle : un véhicule ne peut être remorqué si un passager se trouve encore à l’intérieur. Mais derrière cette « norme », il y a une réalité humaine inacceptable : une personne laissée vulnérable, sans eau, sans sécurité, exposée à tous les dangers sur le bord de la route.
Ce cas n’est pas isolé. Il met en lumière l’incapacité de nos structures à anticiper et à répondre aux besoins des personnes qui utilisent des aides à la mobilité. Que ce soit dans les remorquages, les transports d’urgence ou les services de sécurité publique, les protocoles demeurent pensés pour un « usager type » qui peut se déplacer facilement d’un véhicule à l’autre.
Or, ce « usager type » exclut des milliers de Québécoises et de Québécois en situation de handicap.
Une responsabilité collective
Nous devons dénoncer cette situation pour ce qu’elle est : une atteinte à la dignité et aux droits fondamentaux. Il est inhumain de laisser un citoyen trois heures sur le bord d’une autoroute simplement parce qu’aucune règle ne prévoit son cas. Si cela s’était produit en plein hiver, la situation aurait pu tourner au drame.
Le ROPHCQ croit qu’il faut des protocoles adaptés. Les droits à la sécurité, à la mobilité et à l’égalité d’accès aux services ne sont pas négociables.
Ce qu’il faut changer
- Mettre en place des protocoles spécifiques pour le remorquage de véhicules adaptés, afin qu’une personne en fauteuil roulant ne soit jamais laissée seule en danger.
- Former le personnel de remorquage, de police et d’urgence à intervenir avec des équipements et des procédures adaptées aux réalités des personnes handicapées.
- Prévoir des solutions de rechange sécuritaires et rapides, comme l’obligation d’un corridor de sécurité systématique ou l’accès à un véhicule de remplacement adapté en cas de panne.
- Revoir la réglementation pour qu’elle cesse de traiter les personnes handicapées comme des « exceptions impossibles », mais bien comme des citoyennes et citoyens à part entière.
Ne laisser personne derrière
Cette situation nous rappelle une vérité brutale : tant que les protocoles, les services et les lois ne seront pas pensés pour inclure toutes et tous, les personnes handicapées continueront d’être exposées à des traitements inéquitables et dangereux.
Au ROPHCQ, nous affirmons haut et fort que la dignité et la sécurité des personnes en situation de handicap ne peuvent pas être sacrifiées sur l’autel des règlements uniformes. Il est temps que nos systèmes s’adaptent — pas l’inverse.
