Soutien à domicile : des indicateurs en hausse, mais des besoins encore bafoués

Nous apprenons dans Le Devoir et dans La Presse que Santé Québec se félicite : davantage de personnes auraient reçu du soutien à domicile en 2024-2025 et la liste d’attente aurait diminué. Mais derrière ces chiffres « au vert », une autre réalité se dessine : celle d’une diminution du nombre d’heures attribuées et d’un système qui ajuste ses critères d’évaluation au détriment des besoins réels des personnes.

En effet, les 395 700 personnes qui ont reçu des services à domicile représentent une augmentation de 2,4 %. Pourtant, le volume total d’heures offertes a reculé de 400 000. Autrement dit, on dessert plus de gens… mais moins longtemps, avec des interventions de plus en plus limitées. Pour les personnes handicapées et leurs proches, cela se traduit par des besoins partiellement comblés, par des charges accrues pour les familles et par un quotidien où le droit de vivre dignement à domicile est compromis.

Nous, au ROPHCQ, ne pouvons pas ignorer cette contradiction. Lorsque l’on modifie les méthodes de calcul, en revoyant les « charges de cas » et en changeant les critères d’évaluation, on peut donner l’impression que les besoins sont satisfaits. Mais la réalité vécue par les usagers est tout autre : des services essentiels coupés, des heures réduites, et un glissement progressif vers des solutions d’hébergement faute de soutien adéquat à domicile.

Il faut le dire clairement : ce n’est pas parce que les statistiques démontrent une meilleure efficacité que les personnes ont réellement accès aux services nécessaires pour préserver leur autonomie et leur qualité de vie. Les chiffres ne doivent pas devenir une façade qui occulte l’appauvrissement des services.

Les entreprises d’économie sociale d’aide à domicile (EÉSAD) démontrent que des solutions existent et que la volonté de faire mieux est réelle. Mais pour que ce « virage » annoncé se traduise dans la vie des personnes, il faudra aller beaucoup plus loin : reconnaître le rôle crucial du répit, élargir l’accès aux services d’assistance personnelle, et surtout garantir que l’évaluation des besoins reste centrée sur la personne et non sur les contraintes budgétaires.

Le ROPHCQ réaffirme que le soutien à domicile est un droit et non une variable d’ajustement. Les personnes handicapées du Centre-du-Québec et d’ailleurs veulent vivre chez elles, entourées, soutenues, et non être poussées vers l’hébergement par manque de ressources. Nous demandons à Santé Québec et au ministère de la Santé d’entendre cette voix : les indicateurs doivent refléter la réalité, et la réalité, c’est que les besoins ne cessent de croître.