Coupes en éducation : des impacts directs pour les enfants handicapés
Le Regroupement d’organismes de personnes handicapées du Centre-du-Québec (ROPHCQ) dénonce avec force les compressions budgétaires massives imposées au réseau de l’éducation— annoncées à la dernière minute, sans réelle possibilité d’anticipation ni de plan d’atténuation. Des coupures qui pourraient atteindre près d’un milliard de dollars selon plusieurs centres de services scolaires.
Au Centre-du-Québec, ce sont 18 et 12,3 millions de dollars qui sont respectivement retranchés aux budgets des Centres de services scolaires des Chênes et des Bois-Francs.
Des compressions qui affectent directement les services essentiels
Loin d’être anodines, ces coupures se traduisent concrètement par l’élimination de postes d’orthopédagogues, de techniciennes en éducation spécialisée, d’orthophonistes, de psychoéducatrices et de préposés aux élèves handicapés. Ce sont précisément ces personnes qui permettent aux enfants ayant des limitations de progresser, de s’intégrer et de développer leur plein potentiel. Avec la suppression de ces postes, ce sont des enfants qui perdent leurs repères, des familles qui s’épuisent, et des membres passionnés des équipes-écoles, laissés seules à gérer l’impossible, qui quittent la profession.
L’éducation inclusive, tant promise par les gouvernements successifs, n’est plus qu’un concept creux dès lors qu’on en coupe les fondements.
Quand le ministre stigmatise les enfants handicapés eux-mêmes
Plus inquiétant encore, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville multiplie les déclarations selon lesquelles le gouvernement n’a « pas le choix » de faire ces « choix difficiles » à cause du nombre élevé d’enfants à besoins particuliers.
Cette rhétorique dangereuse revient à faire porter la responsabilité de l’austérité sur les enfants vulnérables eux-mêmes.
Cette posture n’est pas seulement inacceptable sur le plan éthique, elle est aussi socialement destructrice. Elle propage une idée insidieuse : que les personnes handicapées sont un fardeau collectif, un coût à limiter, plutôt que des citoyens à part entière auxquels la société a le devoir d’assurer une pleine participation.
Une idéologie comptable qui nie la réalité humaine
Derrière les termes comme « ralentissement de la croissance » ou « effort budgétaire » se cache une idéologie de plus en plus ancrée dans l’appareil d’État : celle qui voit les services aux personnes handicapées non comme des leviers d’inclusion et d’équité sociale, mais comme des coûts à limiter. Cette vision comptable, axée sur la rentabilité, contredit les engagements mêmes du gouvernement en matière d’inclusion et de prévention, tant au niveau de l’éducation que de la santé et des services sociaux.
En coupant le financement nécessaire pour maintenir des ressources essentielles, on sabote l’arrimage entre les réseaux d’éducation, de la santé et des services sociaux — pourtant crucial pour assurer des parcours de vie cohérents. Comment parler de complémentarité ou de fluidité quand les ponts entre les services sont progressivement démantelés par manque de ressources ?
Rappelons que le quart des élèves ont des besoins particuliers. Leurs droits à des services accessibles et adaptés ne sont pas des dépenses superflues, mais des obligations légales et sociales fondamentales.
Le ROPHCQ n’accepte pas cette régression
Au nom des milliers de Centricoises et Centricois en situation de handicap que nous représentons, nous appelons à un changement de cap immédiat. L’éducation est un pilier de l’inclusion. En sabrant dans les services aux élèves vulnérables, le gouvernement ne fait pas que gérer un budget : il renie une vision de société fondée sur l’équité, la solidarité et les droits humains.
Parce qu’un Québec juste, fort et inclusif commence par le respect des droits des plus vulnérables.
