Les TES changent de rôle : un transfert qui fragilise l’inclusion scolaire
Le Devoir révélait le 23 septembre qu’un nombre grandissant de technicien·nes en éducation spécialisée (TES) quittent leur poste pour devenir enseignants. Attirés par de meilleures conditions salariales et un horaire plus stable, ces professionnel·les quittent un rôle pourtant central pour les élèves à besoins particuliers. Cette migration de personnel crée un « cercle vicieux » : moins de TES dans les écoles signifie plus de crises, moins de prévention et, au bout du compte, une aggravation des inégalités vécues par les élèves handicapés.
Les grands perdants : les élèves en situation de handicap
Ce sont les enfants handicapés et ceux qui présentent des difficultés d’apprentissage et d’adaptation qui paient le prix fort de cette saignée. Alors que le réseau scolaire accueille de plus en plus d’élèves ayant des défis, le soutien direct offert par les TES devient plus rare, plus précaire et souvent interrompu. Les TES sont les premières lignes d’intervention : ce sont eux qui aident à désamorcer les crises, qui accompagnent au quotidien, qui préviennent l’escalade de comportements liés à la détresse ou à la frustration. Quand ils disparaissent, la prévention cède la place à la gestion de crise permanente.
Le résultat est clair : plus de violence, plus de ruptures dans les services, et un climat scolaire qui devient insécurisant, autant pour les élèves handicapés que pour leurs camarades et le personnel enseignant.
Des choix politiques qui creusent les inégalités
Le plafond d’embauches imposé par Québec, ajouté à la pénurie déjà criante, menace directement la continuité des services. Dans certaines écoles du Centre-du-Québec, comme ailleurs, les TES ne peuvent plus intervenir en prévention parce qu’ils doivent passer leurs journées à éteindre des feux. C’est la négation même du droit à l’éducation adaptée reconnu par la Loi sur l’instruction publique et par les chartes des droits.
L’école inclusive n’est pas possible si on tolère que les élèves handicapés n’aient plus accès à des adultes qualifiés pour les accompagner. Il s’agit d’un bris grave d’égalité des chances.
Il faut agir maintenant
Le ROPHCQ le réaffirme avec force :
- L’importance du rôle des TES doit être reconnu et considéré dans les politiques publiques.
- Les gouvernements doivent mettre fin aux plafonds d’embauches qui compromettent la réponse aux besoins grandissants des élèves handicapés.
- Les CSS doivent être financés et outillés pour assurer la prévention, et non pas seulement pour « gérer les crises ».
Les élèves en situation de handicap ont droit à une école qui leur permet d’apprendre, de s’épanouir et de participer pleinement à la vie scolaire. Tant que les TES seront vus comme des ressources interchangeables ou temporaires, ce droit fondamental restera bafoué.
Il est urgent que Québec sorte de cette logique de gestion comptable et reconnaisse que la qualité de l’école publique passe d’abord par le respect des droits de tous les élèves — en commençant par les plus vulnérables.
