
Services socioprofessionnels : entre dérives à dénoncer et solutions à protéger
Le Regroupement d’organismes de personnes handicapées du Centre-du-Québec (ROPHCQ) joint sa voix à celle de l’Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l’intégration des personnes handicapées (AQRIPH) afin de porter certaines nuances aux discours publics sur les services socioprofessionnels. Le rôle des services socioprofessionnels est fondamental dans le parcours de vie de nombreuses personnes handicapées.
Les récents reportages de La Presse ont mis en lumière des situations profondément préoccupantes où des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme sont exploitées dans des cadres de travail inadéquats. Ces dénonciations sont nécessaires, et le ROPHCQ condamne toute situation qui porte atteinte à la dignité ou aux droits des personnes.
Nous ne pouvons pas accepter que des personnes avec un potentiel à l’emploi et qui souhaitent une intégration, soient enfermés dans des parcours sans issue, simplement parce que le système ne leur offre ni les ressources ni les passerelles nécessaires pour évoluer à leur rythme, selon leurs capacités. Ils ont tant à offrir. Ils méritent mieux.
Cependant, il est essentiel de ne pas confondre dérives et fondements. Le ROPHCQ tient à souligner que dans bien des cas, les services socioprofessionnels jouent un rôle important dans l’intégration des personnes handicapées, en leur offrant des occasions concrètes de développement personnel, de socialisation et de participation citoyenne. Ces milieux contribuent véritablement à renforcer l’autonomie, le sentiment d’utilité et la qualité de vie des personnes.
Au Centre-du-Québec, de nombreuses initiatives témoignent d’approches porteuses, humaines et structurantes. Plusieurs organismes membres du ROPHCQ proposent des parcours allant de d’activités de jour ou d’activités contributives jusqu’à l’intégration à l’emploi, dans une logique de respect, de valorisation, d’inclusion, mais surtout s’inscrivant dans un projet de vie.
Cela dit, nous devons nous interroger collectivement : les dérives dénoncées ne seraient-elles pas aussi un symptôme des désengagements de l’État auxquels nous assistons depuis des mois? Elles s’inscrivent dans une série d’autres situations inacceptables dans lesquelles se retrouvent régulièrement des personnes handicapées au Québec. Lorsque les ressources en soutien à domicile, en répit, en accompagnement et en employabilité sont insuffisantes, on laisse tomber des gens et on crée un vide. Un vide que comblent parfois des services mal encadrés, mal soutenus. Un vide qui porte atteinte à la dignité humaine.
Chaque personne handicapée doit pouvoir se développer à son plein potentiel et de participer pleinement à la société, de la petite enfance jusqu’à la fin de vie. Pour y parvenir, il faut :
- Des milieux inclusifs dès l’enfance;
- Des ressources humaines qualifiées et valorisées, tout au long de leur parcours de vie;
- Des passerelles réelles et continues vers la vie adulte;
- Des programmes respectueux, bien financés et adaptés à la diversité des besoins.
Le ROPHCQ continuera de dénoncer les injustices, mais aussi de participer activement dans la recherche de solutions. Les services socioprofessionnels doivent être reconnus pour ce qu’ils sont lorsqu’ils sont bien conçus : des espaces de dignité et de croissance. Il est temps de valoriser ces services non pas comme des zones grises, mais comme des piliers essentiels d’une société inclusive et solidaire.